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Le panier garni de l’été 2016

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Tout ce que le ciel permet, de Douglas SirkChez Elephant films, on ne fait pas dans la demi-mesure. Sortez votre chéquier ! Vos économies se sont dangereusement réduites pendant les vacances ? (Restez donc chez vous l’année prochaine et achetez du papier peint imprimé façon « New York dans la nuit ». Effet garanti.) Pas de panique ! N’hésitez pas à vendre votre mère à un groupe pharmaceutique ou votre enfant à un couple de vieux. Aujourd’hui, on gratte des sous où on peut ! Mieux, vendez l’un de vos reins mais surtout, surtout, ne ratez pas les chefs-d’œuvre qui débarquent.
Alors voilà ce qui vous attend : un nouveau cycle Douglas Sirk, les premières œuvres de David Lean, un quatrième Cinéma Monsters Club et les ressorties de La Féline et Série noire pour une nuit blanche. Vous aurez de quoi vous occuper pendant les week-ends pourris qui s’annoncent. Et puis sans Laurent Ruquier, sans Cyril Hanouna, sans Les Ch’tis au CocciMarket, votre écran pourra enfin se repaître de nobles images. Amen.

 

Cycle Douglas Sirk

Ecrit sur du vent
Tout ce que le ciel permet
Le Mirage de la vie
Le Signe du païen

Le Signe du païenEn son temps, Douglas Sirk est un cinéaste déconsidéré, voire méprisé par le milieu. L’artiste s’échine à boucler des cycles, refusant de prendre les trains en marche, comme si mûrir un genre était une fin en soi. Sirk, on l’imagine en dernier client avant la fermeture définitive du magasin. Jamais à la mode, jamais en avance, juste irréprochable. Aujourd’hui, comme quoi il n’est jamais trop tard, on réévalue son œuvre. Je n’en mettrais pas ma main à couper car je suis d’une lâcheté sans pareille, mais je suis à peu près sûr que la jeune génération ne le connaît pas, ou peu. Dans les collèges et les lycées, on préfère étudier Jean Renoir, Otto Preminger, Billy Wilder mais pas Douglas Sirk. Une réhabilitation est en marche.

Après une première carrière en Europe (rappelons que Sirk est d’origine danoise), c’est la Seconde Guerre mondiale qui le pousse à rejoindre les Etats-Unis. Là-bas, où tout est neuf et tout est sauvage, Sirk s’incarne en auteur prolifique et connaît une période faste où, durant les années 1950, il réalise avec Rock Hudson des chefs-d’œuvre impérissables.

Sirk, c’est un style, une patte reconnaissable entre mille. Sur la forme, il aime opposer les couleurs chaudes aux ambiances glaciales. Sur le fond, il affectionne le choc des mentalités et les chocs de culture. Dans ses films, les bouseux de la campagne se confrontent aux salauds de la ville. Sirk taille sa réputation sur ses mélodrames en forme de chronique sociale et politique. Avec lui, une histoire d’amour n’a pas de raison d’être si en toile de fond il n’y a pas une fine analyse de la société ou de quoi naviguer en eaux troubles. Sirk, qui déteste la société de consommation, ne se gêne pas pour alimenter tous ces scénarios de virulentes diatribes contre les vilains affairistes du monde moderne. Attention, l’homme n’est pas un manichéen de bas étage. Il adore s’emparer de ceux et celles qui se laissent dominer par leur mauvais caractère.

Ecrit sur du vent oppose le détestable fils à papa miné par l’alcool et la névrose à l’homme qui s’est fait seul à la sueur de son front. Voilà l’affrontement de deux amis incompatibles. Evidemment, le premier, fragile et impulsif, impose ses volontés au monde entier quand le second, qui incarne la force et l’intelligence, résiste tant bien que mal aux attaques gratuites des hommes du pouvoir. Entre Rock Hudson le gentil et Robert Stack le vil enfant gâté, Lauren Bacall mène la danse en femme moderne. Ecrit sur du vent est un drame d’amour sec et poignant, une tragédie des classes sociales que l’on n’oublie pas de sitôt. Il faut se perdre dans ces paysages immenses où les derricks ont remplacé les arbres millénaires pour comprendre l’Amérique d’après-guerre, nation obsédée par la réussite et les billets verts. Attention, les thématiques foisonnantes sollicitent le cerveau. Vous risquez plus la rupture d’anévrisme qu’avec Camping 3.

Tout ce que le ciel permet, tourné en 1955, évoque déjà la fin du rêve américain et critique une société sclérosée par des principes d’un autre âge. Une nouvelle fois, nous sommes au cœur d’une guerre sociale autour d’un amour impossible avec pour protagonistes une femme modèle, un grand bourgeois et un jardinier rousseauiste. Sirk nous plonge au cœur d’une petite ville où tout semble formaté, sans danger, mais où la sensation d’étouffement prédomine. On expérimente l’expression d’un monde qui sent la naphtaline. Un monde prisonnier des traditions. D’ailleurs, le film joue avec les symboles religieux et carcéraux. En effet, les chapitres s’égrènent aux apparitions de l’église (haut lieu de la morale) et dans certains plans très travaillés, les murs des jardins dépassent les toits des maisons. Ces effets de manche ne sont pas anecdotiques. Au contraire, Sirk empêche à tout prix les personnages de respirer. Il les retient de vivre. Tout ce que le ciel permet est ce que l’on appelle une expérience de cinéma qui a notamment inspiré François Ozon (8 femmes), Todd Haynes (Loin du Paradis), Rainer Werner Fassbinder (Tous les autres s’appellent Ali) et fait toujours l’admiration de Martin Scorsese (la célèbre scène du traîneau) … Dans ce chef-d’œuvre (l’expression n’est pas galvaudée), Sirk est allé aux bouts de ses ambitions. Quant à moi, j’ai pensé à un autre chef-d’œuvre : Les Gens de Dublin de John Huston.

Tout ce que le ciel permet, de Douglas SirkDans Le Mirage de la vie, Sirk s’offre les talents de Lana Turner pour dénoncer le racisme ordinaire qui plombe la société américaine des années 1950. Adapté du roman de Fanny Hurst, le scénario passe à la moulinette les sujets brûlants de la filiation et de l’émancipation. Ces questions d’héritage culturel nourrissent davantage la complexité du film que l’approche ultra-rabâchée des Blancs contre les Noirs. Croyez-moi, c’est assez plaisant quand la génératrice de poncifs est en mode pause ! Ici, tout est finesse et intelligence dans le déploiement des armes de réflexion massive. D’après les historiens du petit cinématographe, Imitation of Life (in english) remit à flot le studio Universal et tourna la page des mélodrames à l’ancienne. Rien que ça !

En 1954, Sirk tourne Le Signe du païen, un luxueux péplum anachronique (les péplums ne s’embarrassent jamais de la réalité historique) d’une rare violence où Attila ravage les terres d’un Empire romain en voie de dégénérescence. L’esprit du paganisme habite le film de bout en bout. L’ambiance est sale, sauvage et barbare. Le Signe du païen est une rareté.
Maintenant, vous n’avez plus d’excuses pour découvrir ce génie du septième art.

 

Cycle David Lean

Heureux mortels
L’Esprit s’amuse
Les Amants passionnés

Heureux mortels, de David LeanDavid Lean n’est pas seulement l’homme de La Route des Indes, Docteur Jivago, Lawrence d’Arabie, Le Pont de la rivière Kwaï… Il débute sa carrière en adaptant les pièces de Noël Coward, prolifique auteur britannique de théâââtre de la première moitié du XXe siècle. Dans Heureux mortels, nous suivons la famille Gibbons – issue de la classe moyenne et vivant dans les faubourgs du sud de Londres – sur une période allant de la démobilisation en 1919 jusqu’aux prémices de la Seconde Guerre mondiale en 1939. A travers trois générations, David Lean dresse le portrait de la Grande-Bretagne de l’entre-deux-guerres. C’est classique, subtil et efficace.

L’Esprit s’amuse, toujours tiré d’une pièce de Noël Coward, joue cette fois la carte de la comédie fantastique. Lors d’une séance de spiritisme, un veuf fraîchement remarié provoque le retour de sa défunte femme. Evidemment, comme lui seul voit et entend l’ectoplasme, il s’ensuit toute une série de malentendus. Parce qu’il parle dans le vide, sa nouvelle dulcinée et ses amis n’y comprennent goutte. Ahaha ! Mon Dieu que c’est cocasse !

Les Amants passionnés, adapté d’une nouvelle d’H.G. Wells, nous embarque dans un triangle amoureux où les non-dits et les faux-semblants rendent l’atmosphère particulièrement irrespirable et ce, jusqu’au dénouement. Les Amants passionnés rappelle le cinéma italien d’après-guerre à la Rossellini où les personnages changent de caractère comme ils changent de chemise. On sort épuisé de ces jeux de l’amour aux limites de la schizophrénie.
Ces trois films mettent en place les fondamentaux que nous retrouverons dans Les Grandes Espérances et Oliver Twist.

 

Paul Schrader et John Landis

La Féline, de Paul SchraderLe nouveau master Blu-ray de La Féline (remake du film homonyme de Jacques Tourneur tourné en 1942) est une absolue merveille. L’intro, mystique et fiévreuse, devenue culte chez les amateurs de fantastique fait dresser le poil sauf si, bien entendu, vous êtes adeptes de l’épilation intégrale. A sa sortie, le film fait sensation. On vante l’efficacité des effets spéciaux, Nastassja Kinski – belle à se damner – provoque des érections intempestives et Malcolm McDowell, sous des airs de satyre, cabotine comme un malade. Malgré les nombreuses qualités formelles, La Féline déçoit les puristes. Schrader en montre trop et ne laisse pas assez de mystère aux raisons de la malédiction. On le sait, les sous-entendus dégagent davantage de puissance que la vérité toute crue. Les allusions, quand elles font travailler le ciboulot, dérangent jusqu’à nous faire perdre nos repères. Malheureusement, à trop vouloir jouer la provocation, Paul Schrader (qui quand même prend un malin plaisir à nous balancer des vilains tabous à la figure) court-circuite ses effets de surprise. Reste la ville de La Nouvelle-Orléans, poisseuse et animale, hantée par l’esprit vaudou. Angoisse. Alors quand celle-ci est habillée par la voix de David Bowie et les notes de Giorgio Moroder, il nous prend l’envie de boucler les valises. Tourné en 1982, le film de Schrader fait encore son petit effet. Soyons franc, des films comme La Féline, on aimerait en goûter plus souvent.

Autant vous le dire tout de suite, Série noire pour une nuit blanche n’est pas le meilleur film du génial John Landis. L’énorme qualité de Série noire pour une nuit blanche réside dans un argument tout simple : il a été réalisé par le génial John Landis. C’est un polar mollasson et pas vraiment intéressant. Toutefois, il a été réalisé par John Landis ! Et rien que pour ça…

 

Monster Club, cycle La Momie

La Main de la MomieAu même titre que ses trois affreux compagnons, Dracula, Frankenstein et le loup-garou, la Momie fit les beaux jours du studio Universal pendant une quinzaine d’années. De 1940 à 1955, la major produit dans le cadre de son département « Universal Monsters » La Main de la Momie, La Tombe de la Momie, Le Fantôme de la Momie, La Malédiction de la Momie et Deux nigauds et la Momie. Cinq films d’une soixantaine de minutes à suivre dans l’ordre sous peine d’être maudit sur quatre générations. Les intrigues ne cassent pas trois pattes à un canard mais il y a un tel savoir-faire qu’on se fait berner à chaque épisode. Pourquoi ? Parce que le mot d’ordre est d’aller à l’essentiel. Le montage est rythmé, les dialogues enlevés, les décors (souvent réutilisés) soignés et les interprètes s’amusent comme des petits fous. C’est en quelque sorte la réussite du succès. Une œuvre d’entertainement qui ne dure pas 2h45 préserve les neurones de la connerie.
Quelques années plus tard, le studio Hammer pendra la relève.

Tous les films sont disponibles en DVD et blu-ray chez Elephant Films.


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